6.4

6.4

Une assistance sur mesure augmente la disponibilité de denrées, l’accès à l’alimentation et les ventes de produits agricoles

Chapitre 6

En 2006, African Women Rising (AWR) a inauguré un programme pour autonomiser les femmes déplacées par la guerre contre l’Armée de résistance du Seigneur, un conflit qui sévissait depuis 20 ans dans le nord de l’Ouganda. En 2017, AWR a commencé à travailler dans le camp de réfugiés de Palabek dans le district de Lamwo, qui abritait 50.000 personnes déplacées originaires du Soudan du Sud. Pionnière des permajardins dans le nord de l’Ouganda, AWR était financée par la Cooperazione e Sviluppo Onlus (CESVI) et Trócaire pour aider 4.500 ménages sud-soudanais à mettre en place un jardin potager afin de produire des légumes destinés à la consommation du ménage et à la vente. Les jardins utilisaient des techniques de permaculture sur des parcelles de 30 m². Outre la formation, les intrants reçus portaient sur l’érection de clôtures, la distribution de semences, de jeunes plants, d’outils (y compris une pompe à pédale pour l’élévation de l’eau), des amendements du sol importés et des visites de suivi intensives.

Une évaluation participative de l’impact en 2019 a eu recours à la cartographie des ressources naturelles, des témoignages personnels, des préférences alimentaires définies par les pairs, la notation et le classement des avantages primaires et secondaires, et des marches transects pour explorer les principaux avantages offerts par la possession d’un permajardin. L’évaluation d’impact a organisé des discussions en groupes de réflexion pour évaluer les résultats et les impacts et 450 personnes y ont participé, dont 320 femmes.

Le premier bénéfice ressenti du programme concernait l’augmentation de l’accès aux denrées alimentaires et leur plus grande disponibilité, ce qui s’est traduit par une dépendance moindre envers l’aide alimentaire et par une nutrition améliorée pour les ménages. L’accroissement des revenus des ménages grâce à la vente de légumes a été perçu comme un important avantage secondaire. Pour les ménages disposant de permajardins, la vente de légumes verts à feuilles à des voisins et sur les marchés locaux a été la première source de revenus durant la saison sèche. La formation assurée par AWR a également été appréciée et les bénéficiaires ont signalé une hausse considérable de leurs connaissances, leurs compétences et leur sentiment de bien-être. En chiffres bruts, la possession d’un permajardin a engendré une hausse de près de 180 % du nombre de ménages en mesure de manger trois repas par jour pendant au moins une partie de l’année et une baisse correspondante de 60 % du nombre de ménages qui ne consommaient qu’un repas par jour.

Les témoignages individuels recueillis dans chaque groupe de réflexion ont confirmé des niveaux élevés de traumatisme et ont prouvé que les travaux d’AWR étaient fort appréciés par les réfugiés parce qu’ils augmentent les niveaux d’estime de soi et de bien-être mais aussi parce qu’ils renforcent la résilience.

L’évaluation d’impact a confirmé qu’AWR avait atteint des résultats en matière de moyens d’existence sensiblement meilleurs lorsque les bailleurs de fonds ont soutenu la fourniture de plus gros paniers d’intrants aux bénéficiaires. Ces plus gros paniers comprenaient des clôtures pour protéger les plants de légumes des divagations des oiseaux de basse-cour et autres bêtes. Le pourcentage de permajardins à haut rendement est passé de 36 % à environ 50 %, alors qu’en parallèle, le nombre de jardins donnant des résultats moyens, voire médiocres, a reculé de 40 % à environ 20 %. À mesure que le personnel du projet gagnera en expérience, et une fois que les formules d’appui seront adaptées sur mesure à l’agroécologie locale et aux différentes capacités des ménages, ces chiffres devraient encore progresser.